- BRAHMAN ET BRAHMANE
- BRAHMAN ET BRAHMANEEn sanskrit védique, le terme bráhman , neutre et accentué sur la première syllabe, désigne une puissance d’essence verbale. Masculin et accentué sur la deuxième syllabe, il désigne celui qui la possède, ou est lié à elle. Dans cette dernière acception, brahmán est rapproché du latin flamen . Dans la première, il correspond à l’essence de la fonction d’activité par la connaissance et le verbe, qui est celle du brahmán masculin, savant et prêtre surveillant non officiant. Cette fonction est celle d’une des classes en lesquelles la société indienne et, avant elle, les sociétés indo-iranienne et indo-européenne étaient divisées. Les membres de cette classe sociale sont appelés plus communément, en sanskrit de toutes les époques et dans toutes les langues indiennes, br hma ユa .La conception védique du bráhman neutre, non définie avec précision dans les textes, a donné lieu à nombre d’hypothèses sur ses origines, sur sa signification originelle et sur l’étymologie de son nom. Mais les nombreuses mentions qui en sont faites dans les textes védiques permettent de juger, à travers les emplois du mot, de la notion concernée.Le bráhman désigne souvent une formule qui s’énonce, mais aussi une formulation qui se fait. Cela indique sa nature de parole. Cette parole est éminente, efficiente et créatrice (d’où l’interprétation, trop restrictive pourtant, proposée de «force», de «puissance»). Cette parole n’est pas nécessairement proférée, car elle tient à l’esprit (manas ), et non pas seulement à la voix: le bráhman est plus encore l’essence de la parole que la parole elle-même, qui ne l’exprime qu’en partie. Son détenteur n’est pas, au cours des cérémonies les plus anciennes auxquelles il participe, un prêtre agissant, mais un observateur silencieux, un connaisseur des rites qui intervient avec son savoir pour corriger les manquements éventuels. Énoncé, le bráhman a fréquemment la forme d’une énigme, mais ce qui en fait la valeur est le savoir qui la résout. Ce savoir porte par prédilection sur la cosmologie et il est, par là, l’expression du リta , c’est-à-dire de la réalité naturelle, de l’ordre cosmique normal.Cette conception peut remonter à l’époque prévédique, indo-iranienne. Elle semble en effet commune à l’ancien Iran et à l’Inde, car un arta brazmaniya (ordre brahmanique) est mentionné dans une inscription de Xerxès en vieux perse. Mais la connaissance de cette notion en Iran, à l’époque de Xerxès, sous la domination duquel se trouvait alors l’Inde du Nord-Ouest, pourrait avoir été empruntée à l’Inde de cette même époque.Dans le développement de la spéculation védique, la notion de bráhman neutre a pris une importance croissante: elle représente l’essence profonde, spirituelle et verbale à la fois, de toutes choses. À partir des Upani ルad et dans la littérature védântique ultérieure, le bráhman neutre s’identifie avec l’ tman , le soi-même, essence de l’être. Il est le Soi suprême, param tman .Apparaissant comme clé de la compréhension du monde, quand il entre dans la connaissance des hommes, il est aussi, en lui-même, la source de l’organisation de ce monde.En tant qu’il organise le monde, le bráhman est personnifié sous un aspect divin et masculin, celui de Brahman (on écrit Brahm , au nominatif masculin, dans les ouvrages européens, pour éviter la confusion avec l’entité neutre «bráhman»), «maître des êtres engendrés» (Praj pati ). Le dieu Brahm ainsi conçu prend un aspect anthropomorphique, mais il possède quatre bras et une tête à quatre visages. Il regarde donc les quatre orients à la fois, ce qui marque son omniscience. On lui donne pour épouse Sarasvat 稜, patronne de la science et des arts, pour monture le ha ュsa , représenté le plus souvent sous la forme d’un canard. Il a pour demeure un monde qui lui est propre, le Brahmaloka (monde de Brahm ), auquel ceux qui ont la connaissance accèdent après la mort.Toutes les religions de l’Inde reconnaissent Brahm sans en faire l’objet de leur culte principal. Le brahmanisme n’est donc pas la religion de Brahm , comme le shivaïsme est celle de えiva. Il est, selon les auteurs qui emploient ce nom, la religion des brâhmanes, ou celle qui professe la doctrine du Brahman, entité abstraite, ou encore la religion des textes appelés Br hma ユa . Certains auteurs appellent «brahmaniques», par opposition aux musulmans et aux chrétiens, les fidèles actuels des religions propres à l’Inde, sans distinction de leurs croyances.C’est à la religion des Br hma ユa que s’applique le plus strictement et le plus adéquatement la dénomination de brahmanisme. À côté des recueils d’hymnes et de formules rituelles qui constituent les Veda , ces textes exposent, sans méthode, les idées relatives aux Veda et aux rites, les conceptions cosmologiques, les corrélations entre les choses et les rites, les interprétations symboliques, etc. Ils sont eux-mêmes complétés, pour les spéculations sur le brahman impersonnel, l’ tman et le salut par la connaissance, par les ra ユyaka et les Upani ルad .Les textes bouddhiques, comme les textes grecs anciens sur l’Inde, font fréquemment allusion aux «brâhmanes et samanes» qui sont des hommes de savoir et de religion. Les brâhmanes en question sont les brahmán ou br hma ユa, appartenant à la classe de même nom par la naissance et l’éducation; les samanes (sanskrit, ごraman ペ ; p li, sama ユa ) sont voués par choix à une discipline souvent communautaire comme celle des moines bouddhistes.
Encyclopédie Universelle. 2012.